mardi 30 juin 2015

Taxis vs Uber, baroud d'honneur des fabricants de lampes à huile

Malgré un précédent historique funeste, un chômage stratosphérique, des attaques terroristes et une construction européenne en capilotade, la France s'offre le luxe de rejouer la ligne Maginot.
Le gouvernement, de plus en plus en mal d'inspiration, rétrécit la liberté économique et mobilise, toutes affaires cessantes, 200 policiers pour lutter contre l'influence pernicieuse des smartphones. Plus exactement, pour abriter les taxis derrière une illusoire répression des applications et des chauffeurs de la société Uber.

Il est vrai que la situation française du transport de personnes dans des automobiles est un chef d'oeuvre de clarté et de cohérence que le monde entier nous envie.
Je vous propose de l'admirer sur pièces.

Si je passe l'examen idoine et que j'achète plusieurs dizaines, voire centaines, de milliers d'euros à un futur confrère une licence distribuée gratuitement par l'état, j'ai le droit d'utiliser ma voiture pour y trimbaler des gens moyennant rétribution.
Heureux entrepreneur régulé par l'omnisciente administration, je suis le seul à pouvoir afficher taxi sur mon véhicule. Mes multiples tarifs sont strictement définis par les pouvoirs publics, pourtant garants de la concurrence libre et non faussée.
Je peux même allègrement balader des malades. La Sécurité Sociale, qui n'en est pas à un déficit près, ne cherche aucunement à faire baisser mes prix ou à rationaliser mes prestations.

Si, simultanément serviable et cupide, chaque week-end, je véhicule mes voisins vers leur maison familiale en échange de quelques discrets billets de banque, j'exerce une activité illégale mais ne court pratiquement aucun risque d'être repéré par les pandores et les gabelous.

Si, tout aussi soucieux de la planète que de mon portefeuille, je propose publiquement sur BlaBlaCar d'amener, moyennant finance, des personnes de Grenoble à Brive la Gaillarde demain soir à 18 heures, je suis un aimable et écologique covoitureur qui ne doit rien ni au fisc, ni aux assurances sociales.

Si, patient, j'attends tranquillement l'attribution selon le bon plaisir de Manuel Valls et de Bernard Cazeneuve d'une licence plaisamment affublée du bel acronyme de VTC, dès l'obtention du précieux sésame, je peux faire payer des prestations de transport et les déclarer au percepteur.

Si, souhaitant beurrer mes épinards, je m'enregistre très officiellement comme auto-entrepreneur, que je transbahute des clients consentants dégotés grâce à Uber Pop et que je paie mes charges et impôts, je suis un infâme salopard ultra-libéral destructeur de l'ordre social qu'il convient de pourchasser avec la plus grande fermeté.

Allez comprendre ...

Les taxis français - ainsi que nous gouvernants - gagneraient à se souvenir d'urgence que, dans de nombreux pays, leurs voitures sont jaunes, couleur des cocus.

Ubériquement votre