samedi 18 juin 2016

Ma visite impromptue chez Charles de Gaulle

Cette semaine, un accident ayant fermé l'autoroute que je devais emprunter, je me suis retrouvé fortuitement aux environs de Colombey les Deux Églises.

Mu par une sorte d'appel, j'ai fait halte quelques instants dans le village du général de Gaulle.

Humilité

Vastes, frustes et tristes horizons ; bois, prés, cultures et friches mélancoliques ; relief d'anciennes montagnes très usées et résignées ; villages tranquilles et peu fortunés dont rien, depuis des millénaires, n'a changé l'âme, ni la place...


Le minuscule village de Colombey est toujours pareil à la description qu'en donnait Charles de Gaulle dans ses mémoires.
Maisons et rues ne semblent pas avoir changé depuis la retransmission télévisée des obsèques du "général" en novembre 1970.

Le cimetière - modeste par sa taille mais aussi par la simplicité et l'absence d'ornements des tombes - jouxte l'église.
La sépulture du général de Gaulle, de son épouse et de sa fille cadette ne se distingue en aucune façon de ses voisines.
À quelques pas, dans une tombe très similaire, reposent son autre fille et son gendre.




Afin de ne pas dénaturer ce lieu de recueillement, les innombrables plaques commémoratives ainsi que les fleurs sont reléguées, en vrac, dans un coin du cimetière, à l'écart des tombes.
Parmi elles, la gerbe tricolore déposée par François Hollande trois jours plus tôt.




Grandeur

Au sommet d'une colline, face au cimetière et à "la Boisserie" - la propriété des de Gaulle - se dresse une croix de Lorraine en granit de 45 mètres de haut, symbole de la France Libre et du gaullisme.

Plusieurs kilomètres avant Colombey, le regard du visiteur est accroché par ce monument incongru émergeant de la forêt.



Contraste

La mise en scène de la mémoire de Charles de Gaulle à Colombey reflète les contradictions intérieures de ce personnage singulier.

La vie personnelle simple ainsi que le goût pour la solitude et l'austérité sont illustrés par le dépouillement de sa tombe.

À l'opposé, l'attachement viscéral à la France et l'obsession, à la limite de la mégalomanie, de sa "grandeur" s'incarnent dans la gigantesque croix de Lorraine.



Nostalgie

En quittant Colombey les Deux Églises, je ne peux m'empêcher de regretter que les politiciens français actuels - y compris dans le parti se réclamant encore vaguement du gaullisme - aient inversé l'équation du "grand Charles".

Obsédés par leur propre destin, ils semblent avoir oublié celui du pays.
Pourquoi changeraient-ils puisque nous les élisons et réélisons inlassablement ?



Historiquement votre

Références et compléments
Les photos ont toutes été effectuées par mes soins à Colombey les Deux Églises en Haute Marne le 17 juin 2016 (j'ai, en quelque sorte, devancé l'appel).
Pour agrandir les images, cliquer dessus.

Voir aussi les autres chroniques traitant de près ou de loin de Charles de Gaulle.

Pour aller plus loin, les articles Wikipedia

La citation décrivant Colombey les Deux Églises est extraite des mémoires de guerre de Charles de Gaulle.

La croix de Lorraine est une croix avec deux barres horizontales.
Elle a été choisie comme emblème de la France libre en juillet 1940 par l'amiral Muselier, militaire lorrain qui fut un des premiers compagnons du général de Gaulle en Grande Bretagne, en opposition à la croix gammée des nazis.